Godiva (
Lady Godiva, aussi appelée
Godgifu) était une dame
saxonne qui, d'après la légende, a traversé nue à cheval les rues de Coventry, en Angleterre, vers l'
an 1000, afin de convaincre son mari de diminuer les impôts qu'il prélevait pour financer ses campagnes militaires.
La Légende
L'histoire raconte qu'elle était la belle épouse de Léofric (968-1057), comte de Mercie et seigneur de Coventry. Les habitants de cette ville souffraient sous l'imposition accablante du comte. À plusieurs reprises, Dame Godiva fit appel à son mari, qui refusait obstinément de diminuer les taxes.
Enfin, las, il prétendit satisfaire à sa demande si elle montait à cheval nue dans les rues de la ville. Dame Godiva le prit au mot, et traversa la ville, vêtue seulement de ses longs cheveux. Son mari tint parole et supprima les impôts.
La forme la plus ancienne de la légende raconte la traversée du marché de Coventry par Godiva, alors que le peuple était rassemblé, surveillée seulement par deux cavalières (vêtues).
Cette version est narrée dans Flores Historiarum de Roger de Wendover (mort en 1236), un collectionneur d'anecdotes quelque peu crédule, qui citait lui-même un autre auteur plus ancien.
On pense généralement que les cheveux longs de Godiva sont un ajout ultérieur à la légende. D'autres éléments et thèmes sont coutumiers dans les contes : le seigneur intransigeant, la promesse exigée, des conditions de vie très difficiles, la chasteté.
Un élément par contre ne l'est pas : la puissance et l'indépendance d'une épouse anglo-saxonne de la classe aristocratique.
Une des variantes de la légende veut que les habitants de Coventry, pour montrer leur reconnaissance envers leur Dame, se soient tous enfermés chez eux pendant son passage. Seul un curieux, nommé Tom, aurait osé enfreindre la consigne et aurait jeté un coup d'œil à la dérobée ; mais en punition il devint sur-le-champ aveugle. C'est de là que vient l'expression anglaise «Peeping Tom», très souvent remplacée dans la langue actuelle par le français «voyeur».
Selon certaines sources cette légende serait née en 1586 : on aurait demandé au peintre Adam van Noort de représenter l'épisode et il aurait montré Léofric en train de regarder sa femme par la fenêtre pour constater qu'elle exécutait effectivement sa promesse. Le public aurait mal interprété ce détail, prenant le comte pour un simple indiscret.
La Réalité
Il est certain qu'une dame de ce nom a existé au XIe siècle, plusieurs documents anciens le démontre, bien que l'orthographe du nom change considérablement suivant les écrits, comme dans la charte de Stow, la charte de Spalding, et l'enquête de Domesday.
Dans cette dernière, en 1085, elle est mentionnée comme étant une des quelques Anglo-Saxonnes à défendre leurs terres après sa conquête, et la seule femme mentionnée en tant que détentrice d'un fief. Elle est probablement morte quelques années plus tard et a été enterrée sous un des porches de l'église de l'abbaye.
Dugdale (1656) affirma qu'une veuve, avec des représentations de Leofric et Godiva, a été placée dans l'église de la Trinité, à Coventry, pendant le règne de Richard II.
Au XIIIe siècle, le roi Édouard Ier a voulu savoir exactement ce qu'il en était de cette légende. L'étude des annales de Coventry a bien confirmé qu'à partir de 1057 l'impôt n'a effectivement plus été perçu, mais on n'a trouvé aucune preuve que ce fût dû à l'événement qu'on raconte.
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Alfred Joseph Woolmer (via) |
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David Gee - Lady Godiva Procession (via) |
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John Skinner Clifton - Lady Godiva et Earl Leofric (via) |
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George Jones - Lady Godiva se préparant à traverser à cheval Coventry, 1833 (via) |
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Marshall Claxton (via) |
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Sir Edwin Landseer - La prière de Lady Godiva, 1865 |
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William Holmes Sullivan - Lady Godiva, 1877 (via) |
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Joseph Henry Sharp - Lady Godiva se déshabillant pour traverser à cheval Coventry, 1887 (via) |
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Edith Arkwright - Lady Godiva (via) |
La version équestre de John Collier est un must !
RépondreSupprimerRien n'est réellement montré et c'est plutôt l'attitude du cheval qui montre la fierté et la détermination de cette Dame.
Un challenge à relever :)
Je ne vais pas vous contredire Jean-Pierre : c'est pour cela que cette version illustre le titre du blog :)
RépondreSupprimerC'est en la découvrant que j'ai souhaité me pencher sur l'auteur et ses oeuvres d'abord, puis sur les autres représentations de Lady Godiva. Mais celle-ci à ma préférence, assurément.
Belle analyse que la vôtre. Et oui, sacré challenge !
Bonjour Belette,
RépondreSupprimerJ’admire ton patient travail de compilation.
Toutefois je ne sais pas où tu as trouvé une Lady Godiva déguisée en Ménade mais j’ose émettre quelques doutes sur la réalité d’un tel avatar.
Peeping Tom a dû avoir un sacré coup au cœur en voyant sa châtelaine adorée parcourir les ruelles de la bonne ville de Coventry avec le thyrse en main et les cheveux emmêlés du pampre de la vigne.
Il est vrai que Coventry de nos jours célèbre toujours cet épisode mais ne respecte plus guère l’aspect fondamental de la légende et mieux vaut aller faire un tour dans les ruines de l’ancienne cathédrale que j’adore.
En ce qui concerne le tableau de Lefebvre, j’avais au départ qu’une mauvaise version N&B.
On m’a procuré une version couleur mais partielle (qui massacre la disposition) et qui n’instille plus un caractère gothique à l’évènement.
Bonjour Clio,
RépondreSupprimeren effet Ménades n'a rien à faire dans ses évènements ! Je l'ai évincée. Je remercie ton coup d'oeil acéré.
Pour la Lady de Lefebvre, je suis sceptique quant à la véracité des couleurs maintenant que tu pointes le sujet.
Je maintiens le visuel pour le moment, à défaut.
Une visite de Coventry et des ruines de sa cathédrale est dorénavant dans ma longue liste de projets.